C'est une question qu'on leur pose souvent : comment peut-on construire des prisons ? L'architecte Bernard Guilliez, qui a planché sur près d'une dizaine d'établissements a sa réponse : «A mes collègues, je demande : "Seriez-vous prêts à élever un palais de justice ? Oui et c'est pourtant là qu'on se prend 20 ans."» En quarante ans de carrière, Alain Sarfati, lui, avait toujours refusé de travailler sur une prison. Il a finalement rénové Fleury-Mérogis, dans l'Essonne. «On attribue à Shakespeare cette phrase : "La liberté c'est ce qu'il y a entre l'écorce et le biais du chêne." Même dans l'espace le plus infime, des choses sont encore possibles.» Dans le rapport annuel qu'il a présenté hier, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, a décidé de consacrer un chapitre à l'architecture des lieux d'enfermement. Constat amer. Et s'il condamne les prisons vétustes, il n'est pas plus tendre avec les gigantesques établissements modernes : «Dans leur conception, les lieux de privation de liberté font peser sur les personnes qu'ils enferment un a priori de dangerosité, d'animosité, d'inadaptation relationnelle qui rétroagissent sur elles.»
Ce n'est pas qu'en trois siècles, la prison soit restée la même. Le confort des cellules a indéniablement progressé. Bernard Guilliez dit même avoir conçu les cellules de Condé-sur-Sarthe «comme des chambres d'étudiants». Le ministère de la Justice fait désormais appel à des agenc