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CHRONIQUE «QUI A LE DROIT ?»

A quel moment donner un coup de main à un ami devient-il un «trafic»?

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Chroniques « Qui a le droit ? »dossier
Décryptage d’un point juridique au cœur de l’actualité. Aujourd’hui, retour sur les soupçons de trafic d’influence visant Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et un haut magistrat.
Nicolas Sarkozy (en 2014) et Gilbert Azibert (en 2008). (Photos AFP)
publié le 14 mars 2014 à 11h43
(mis à jour le 14 mars 2014 à 14h08)

Gilbert Azibert, premier avocat général de la Cour de cassation, est un vieil ami de l'avocat Thierry Herzog. Et puisque Me Herzog est lui-même un ami de son client, Nicolas Sarkozy… les écoutes téléphoniques interceptées par les juges, dans le cadre du dossier sur le financement «libyen» de la campagne de l'ex-président, ne révéleraient que d'une franche camaraderie entre les trois hommes. Soupçonner Nicolas Sarkozy de trafic d'influence, parce qu'Azibert aurait donné des informations sur une affaire le concernant en échange d'un poste à Monaco? «Quand j'étais l'avocat du président de la République, combien de magistrats sont venus me demander si je pouvais leur obtenir une décoration, les faire muter, de Chambéry à Toulouse, parce que leur femme allait avoir un avancement professionnel ? C'est du trafic d'influence?», a rétorqué, bravache, Thierry Herzog dans le Monde de vendredi dernier.

Quand finit le coup de pouce? Quand commence le conflit d’intérêt? Ou débute l’illégalité?

«Les attitudes décrites par Me Herzog sont des attitudes déplacées déontologiquement: en sollicitant des faveurs, ces juges deviennent les obligés du président, une position dangereuse, répond Paul Cassia, professeur de droit constitutionnel à la Sorbonne, et auteur d'un ouvrage sur les conflits d'intérêts, qui sort fort à propos la semaine prochaine (1). Mais tant qu'ils n'entraînent pas de contrepartie, ces conflits d'intérêts ne sont pas illégaux, ils ne constituent pas un dél