Une sourde dislocation menace la société française. Le constat nous coûte mais il s’impose : aujourd’hui, en France, on ne débat plus, on crache ; on ne s’oppose pas, on lynche ; on ne conteste pas, on conspue ; et ce qui était, hier, impensable est devenu, aujourd’hui, banal.
Dans la France de 2014, quand on manifeste en famille son désaccord avec la politique de la garde des Sceaux, on la traite de «guenon». Dans la France de 2014, un rassemblement prétendument organisé pour s’opposer au président de la République devient un raout antisémite, raciste et homophobe dans les rues de Paris où l’on scande «Juif, la France n’est pas à toi». Dans la France de 2014, la haine antijuive est à ce point populaire qu’elle est devenue une forme d’humour particulièrement rentable pour un prédicateur vénal qui se moque de la loi comme de ceux qu’il offre à la vindicte des rires gras.
Dans notre pays, il se trouve un certain nombre de personnes pour affirmer avec morgue que les juifs dirigeraient le monde, que les homosexuels mettraient la société en danger, que les Arabes ne seront jamais français et que les Noirs devraient préférer les arbres aux bancs de l’Assemblée nationale. Et il se trouve - hélas ! - un nombre plus grand encore de personnes suffisamment crédules, fragiles ou stupides pour le croire et le faire savoir, dans les rues et sur la Toile.
Que l’on ne s’y trompe pas : ce qui, à terme, est menacé, par le racisme, l’antisémitisme ou l’homophobie ce ne sont pas seulement les pers