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Libération

Aux alarmes citoyens

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La société civile redoute qu’un outil si puissant et centralisé que la Pnij soit aux mains d’un seul opérateur privé.
publié le 18 mars 2014 à 21h36

La plateforme nationale des interceptions judiciaires (Pnij) a de grandes oreilles, mais elle est très en retard. Pour des raisons techniques, d'abord. Mais aussi parce que l'idée de confier 5,5 millions de réquisitions judiciaires (identification d'un abonné, fadettes, etc.) et 47 000 interceptions de communications téléphoniques, numériques et géolocalisations au seul groupe privé Thales a suscité des remous. «Que se passera-t-il si cet outil tellement performant, centralisé en un seul lieu, tombe entre de mauvaises mains, qu'elles soient celles d'un ministère, d'une entreprise, d'un hacker ?» s'inquiète Eric Bocciarelli du Syndicat de la magistrature (gauche), cofondateur, en janvier, de l'Observatoire des libertés et du numérique (ONL).

Alors que dans le système encore en cours pour quelque mois - et qui présente bien des défauts (lire page 6) -, les données sont acheminées dans plus de 200 centrales d'interceptions disséminées sur tout le territoire, dans des locaux de police et de gendarmerie, la Pnij centralisera, elle, toutes les demandes judiciaires en un seul lieu : Elancourt, dans les Yvelines.

«Concentration». C'est Thales qui a conçu la Pnij, Thales qui la fera fonctionner, Thales qui l'hébergera (même si le ministère dit ne pas exclure de rapatrier un jour le datacenter sur l'un de ses sites), Thales, encore, qui abritera le «coffre-fort numérique» contenant toutes les interceptions une fois les enq