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Libération

Demi-succès en appel pour le droit du travail en prison

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Une détenue travaillant pour une plateforme téléphonique avait été écartée de ses fonctions pour avoir passé des coups de téléphone personnels. La cour d'appel de Paris lui a accordé des indemnités, en précisant toutefois que l'engagement qui la liait à son employeur n'était pas un contrat de travail.
Un surveillant de prison observe des détenus en train de travailler à l'emballage de marchandises pour le compte de chaînes de supermarché, le 27 novembre 2008 dans un atelier du centre pénitentiaire du Pontet (Vaucluse). (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)
par AFP
publié le 20 mars 2014 à 11h04

La cour d'appel de Paris a estimé jeudi que l'engagement qui liait une détenue à la société l'employant en prison n'était pas un contrat de travail, mais a néanmoins accordé à la première des indemnités, en compensation de sa rémunération «dérisoire». La cour a donc infirmé le jugement prononcé en première instance, en février 2013, par le conseil des prud'hommes, pour qui la société devait être considérée comme «employeur à des conditions particulières», tout en sanctionnant les conditions de rémunération liant la détenue à la société, selon un arrêt consulté par l'AFP. Une décision «mi-figue, mi-raisin», selon l'un des conseils de la plaignante, Me Julien Riffaud.

Marilyn Moureau, qui travaillait pour la plateforme téléphonique MKT Societal en détention provisoire à la maison d’arrêt pour femmes de Versailles, avait été signalée par la société pour avoir passé des appels téléphoniques personnels pendant son temps de travail. A la demande de la société, elle avait été écartée de ses fonctions par l’administration pénitentiaire, sans compensation.

Selon l'article 717-3 du code de procédure, «les relations de travail d'une personne incarcérée ne font pas l'objet d'un contrat de travail». La loi pénitentiaire de 2009 a bien institué un «acte d'engagement» entre le chef d'établissement et la personne détenue, qui doit prévoir description du poste, horaires et missions à réaliser, mais il ne peut être assimilé à un contrat de travail.