Réda Didi, militant associatif de longue date, a fondé Graines de France en 2009, un cercle de réflexion sur les milieux populaires. Il participe depuis septembre, avec un journaliste, un universitaire, un avocat et des élus, au Comité d'orientation et de contrôle interne de la police nationale, au sein de l'IGPN (la police des polices). Il s'agit d'un groupe de travail destiné à «émettre des avis sur les pratiques policières» . C'est la première fois que l'IGPN se prête à cet exercice.
Les mécanismes débouchant sur des échauffourées entre policiers et habitants des quartiers populaires semblent toujours être les mêmes. Quels sont les facteurs enclenchants ?
Depuis le rapport Guichard de 1976 et jusqu’à celui de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) sur la Seine-Saint-Denis de 2007, l’éloignement progressif entre police et population n’a cessé d’être mis en avant. Aujourd’hui, la situation est par endroits très dégradée, avec des conséquences négatives sur les citoyens, les services de police et de gendarmerie et, finalement, la sécurité de tous. La distance, voire la tension, entre la police et la population se forge au quotidien. On parle souvent des contrôles d’identité répétés, parfois même de contrôles au faciès, pour expliquer l’exaspération, notamment des jeunes hommes issus des minorités visibles, à l’encontre de la police. Ceci est un problème qui ne doit pas être occulté. Cependant, la question est plus large. Pour les mamans et les personnes âgées des quartiers populaires, la police est également loin. Les habitants affirment de façon récurrente qu’elle n’est jamais là quand on en a beso