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Libération
grand angle

A Montréal, une police bien polie

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La lutte contre la délinquance au Québec passe avant tout par la création de liens avec les habitants des quartiers et les associations communautaires. «Libération» a accompagné ces agents formés à une école du respect devenue, en dix ans, le «modèle canadien».
publié le 30 mars 2014 à 18h06

Il est écrit «Carbonneau», en lettres qui brillent. Comme tous les policiers canadiens, le lieutenant a son nom sur une plaque dorée, accrochée à son uniforme (leurs homologues français, eux, sont furieux de devoir arborer un simple matricule depuis le 1er janvier). Il roule doucement, de nuit, dans les rues à angle droit qui quadrillent le quartier Saint-Michel, à Montréal, au Québec. Il pianote sur l'ordinateur entre le siège conducteur et celui du passager. Sur l'écran, les appels s'affichent, un à un. Chaque infraction a son code : 645-SU, par exemple, «645, ça veut dire menaces ou harcèlement», traduit le policier. «SU» pour «suspect sur les lieux». Un conflit entre un locataire et un propriétaire agressif, précise l'ordinateur. Le lieutenant Carbonneau, bientôt à la retraite, a passé quinze ans au PQ30, le poste du quartier. Ce commissariat fut, il y a une dizaine d'années, l'un des pionniers du community policing.

Cette version canadienne de la police de proximité connaît un tel succès qu'elle est désormais enseignée dans les centres de formation du pays. Son leitmotiv : la prévention, avec force patrouilles et liens avec le tissu associatif. Les agents ont pour mission, non pas l'interpellation et le «chiffre», mais «la résolution des problèmes». Il y a encore dix ans, on parlait de «police bonbon». Mais le gouvernement fédéral lui-même, pourtant conservateur et répressif, ne cherche pas à la re