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Libération
Interview

«Ceux qui s’en prennent aux Roms peuvent être des bobos»

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Un Parisien vient d'être jugé pour s'en être pris à des Roms qui dormaient dans la rue. Eric Fassin, sociologue, décrypte cette fausse opposition entre voisins en colère et bobos humanistes.
publié le 7 avril 2014 à 17h06

C'est un habitant du quartier de la place de la République, à Paris. Ce lundi matin, à la barre du tribunal correctionnel de Paris, cet homme d'un peu moins de 40 ans a affirmé avoir déversé le 16 janvier autour du matelas d'un couple de Roms un mélange d'eau de javel et de savon noir, qu'il utilisait pour nettoyer le trottoir en bas de chez lui, où s'étaient installées plusieurs personnes. «Ce qui me pose problème, c'est que tous ne sont pas respectueux de leur environnement», a-t-il expliqué au trtibunal. Trois mois de prison avec sursis et 1 500 euros d'amende ont été requis lundi à son encontre.

Le profil du prévenu a surpris : il a fait des études supérieures, se dit de gauche, a les cheveux longs. Donc plutôt bobo, loin des stéréotypes du riverain excédé par la présence des Roms. «Pourquoi cet étonnement? C'est que les riverains ne sont pas censés être des bobos (et inversement) - ni sociologiquement ni politiquement», écrivait Eric Fassin dans Libération mi-mars. Le sociologue est co-auteur (avec Carine Fouteau, Serge Guichard et Aurélie Windels) de Roms & riverains. Une politique municipale de la race (Editions La Fabrique). Entretien.

Dans le discours sur les Roms, quel rôle joue l’opposition bobos/riverains?

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