«Savez-vous pourquoi il y a autant de journalistes ?» interroge l'homme au costume gris, barbe courte et lunettes rondes. «C'est pour le procès de Laurent P., jugé pour avoir agressé des Roms place de la République…» «… Laurent P., enchanté», répond-il. Il sourit mais affiche un visage pâle en observant le banc de la presse se remplir. Ce quadragénaire parisien semble mesurer qu'en marge du volet judiciaire qui l'amenait hier devant le tribunal correctionnel de Paris, il lui faudrait affronter la dimension publique de son geste : jugé pour «violence volontaire avec préméditation, n'ayant entraîné aucune incapacité de travail», pour avoir «projeté un liquide corrosif» sur un couple de Roms, il saura le 12 mai si les réquisitions du ministère public, qui a demandé une peine de trois mois de prison avec sursis, ont été suivies.
Le 16 janvier, peu avant 22 heures, Laurent P. promène son chien aux alentours de la place de République. Depuis un an, les travaux de «piétonnisation» de cette zone agacent ce propriétaire, depuis dix ans, d'un appartement rue Béranger. Il estime qu'ils ont accentué la sédentarisation de sans-abri, le plus souvent des Roms, et en a compté un soir «jusqu'à 18 au pied de son immeuble». Ce 16 janvier, il aperçoit un nouveau couple sur un matelas voisin d'une famille qu'il croise le soir depuis plusieurs mois. «J'indique à ce couple, a raconté à la barre Laurent P., qu'il serait bien qu'ils ne soient pas là tr