Touchée par la grâce depuis la révélation de soupçons de trafic d’influence pesant sur un ancien président de la République et un haut magistrat de la Cour de cassation, la droite a semblé découvrir certaines libertés fondamentales et a feint de défendre l’indépendance de la justice, le respect de la vie privée, les droits de la défense.
La plaisanterie a été de courte durée. A la suite du Front national et de la Droite forte, Eric Ciotti appelle à l’interdiction du syndicalisme dans la magistrature ! Car il faudrait maintenant croire - sans rire - que si la justice a écouté Nicolas Sarkozy, c’est parce qu’elle serait instrumentalisée par le pouvoir en place avec la complicité de juges «politisés», animés d’un esprit de vengeance. Ces attaques caricaturales contre l’emprise supposée des «juges rouges» ne sont pas nouvelles : elles surgissent d’ailleurs systématiquement dans le débat public dès la mise en cause de certaines personnalités politiques ou la survenance d’affaires financières.
Pour autant, l’épouvantail de «la politisation des juges» est agité de façon singulièrement dissymétrique. Tout membre supposé du Syndicat de la magistrature, tout magistrat ayant signé - par exemple - un manifeste pour demander des moyens pour mieux lutter contre la corruption, se voit suspecté par ses détracteurs de partialité. Mais l’appartenance à un syndicat droitier - tels l’Association professionnelle des magistrats, autodissoute après des propos antisémites, la nouvelle APM, «Magistrat