Catholique engagé à gauche, proche de François Hollande, l'avocat Jean-Pierre Mignard, codirecteur du journal Témoignage chrétien, s'inquiète du poids pris, en France, par un catholicisme intransigeant, adversaire du pluralisme. Il appelle à un sursaut du «catholicisme d'ouverture».
Comment avez-vous vécu l’annulation de la conférence de la philosophe Fabienne Brugère (lire page 2) ?
Je suis consterné. Fabienne Brugère est une intellectuelle et une chercheure qui avait naturellement sa place dans cette réunion ; ses travaux sur la famille, le care et l'organisation sociale sont reconnus. Chacun savait qu'elle n'était pas catholique mais son apport scientifique, culturel et humain avait été décisif pour l'inviter. «On» a décidé de revenir sur cette invitation sous la pression de mouvements que je n'hésite pas à qualifier d'obscurantistes, relayés malheureusement par certains évêques. C'est tout à fait sinistre. Jean Paul II a réhabilité la mémoire de Giordano Bruno, les découvertes de Galilée aussi ; il a réintégré les travaux de Darwin dans les problématiques intellectuelles auxquelles l'Eglise doit se confronter. Là, en ce qui concerne Fabienne Brugère, nous nous trouvons précisément dans la situation inverse… Dans nos sociétés démocratiques, il y a une éthique du débat. C'est à cela qu'il est fait violence ici. C'est pourquoi, en tant que juriste et citoyen, j'estime qu'on a cédé à la pression de l'obscurantisme. L'Europe des droits de l'homme est une Europe de la discussion et de la confrontation. Là, il y a un refus. C'est affligeant !
Est-ce la conséquence de la radicalisation d’une frange du catholicisme après la Manif pour tous ?
Ce phénomèn