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Libération
EDITORIAL

Anathème

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publié le 13 avril 2014 à 18h56

La marque des proverbiaux paradis artificiels est d'emmener au paradis. Comme le dit le professeur britannique Adam Winstock, psychiatre et auteur depuis des années de la Global Drug Survey (à laquelle Libération s'est associé pour sa première incursion en France), «les chercheurs font des choses intéressantes sur les drogues, mais la plupart mettent l'accent sur le mal que les drogues provoquent et non sur le plaisir qu'elles apportent à la vie des gens». Au contraire des faux témoins du tribunal des rêves, cette étude sans hypocrisie ni a priori voit le monde des amateurs de drogues - tabac ou alcool, cannabis ou ecstasy - tel qu'il est. Une consommation de masse, addictive, croissante. Preuve s'il en est que la prohibition a échoué. L'interdiction, notamment en France, championne de cette approche sécuritaire n'interdit rien. Pis, cette politique de l'anathème empêche tout débat, toute discussion, toute information auprès des usagers des drogues. Notamment des plus jeunes et des plus vulnérables.

Aucune drogue n’est un produit anodin ou bénin : le ballon de rouge, comme les joints ou les anxiolytiques. Internet, avec des sites comme Silk Road (l’Amazon du commerce anonyme de la drogue) a encore accru l’offre des paradis interdits, notamment des dangereux et puissants produits de synthèse. Il est plus que temps de subroger l’éducation à la répression. D’apprendre les dangers de ses conduites à risque afin que chacun soit maître de ses addictions, sache ce qu’il con