L'usage de drogues ? C'est un phénomène massif, mais mal documenté. Pour y remédier, «il faut donner la parole à ceux qui les connaissent le mieux : les consommateurs». Voilà le credo d'Adam Winstock, un psychiatre londonien qui a lancé depuis plusieurs années une Global Drug Survey (GDS, enquête mondiale sur les drogues) faisant appel aux usagers volontaires. Pour la première fois, la France y participe, avec dix-sept autres pays. Libération y est associé et en dévoile les principaux enseignements.
Cette enquête ne délivre pas de résultats représentatifs, n'étant pas basée sur un échantillon déterminé. Mais elle éclaire sur les pratiques, peut aider les consommateurs à mieux gérer leur santé et inspirer les politiques de prévention qui, selon Winstock, manquent une partie de leur cible. Car en s'intéressant principalement «à une minorité d'usagers qui ont développé une dépendance», provoquent des délits ou des problèmes sociaux, ces politiques ignorent les gens qui «aiment boire et prendre des drogues» et considèrent que cela contribue à leur bonheur.
Or, le «moteur» derrière l'usage de drogues légales (alcool, tabac, antidépresseurs, etc.) ou pas (cannabis, cocaïne, etc.) «n'est pas la dépendance, mais le plaisir». Il faut donc partir de «l'aspect positif de leur pratique», affirme Winstock. Car «la plupart [des consommateurs] ne subissent pas de conséquences graves» et réduiraient mieux les risques si l