Laurent Appel, militant de l’association Asud (Auto-support des usagers de drogues), est aussi directeur de Norml France, qui promeut un changement des lois sur le cannabis.
Les usagers
«C’est une évidence : il faut s’appuyer sur l’expertise de l’usager. On doit s’intéresser à lui plus qu’à la substance. Le cannabis est en ce sens symbolique : une drogue dite douce qui peut faire l’objet d’un usage dur. L’inverse aussi peut être vrai, de substances dites dures dont on peut faire un usage doux. Il faut donc mettre l’usage au centre des politiques. Mais en France, sur le cannabis, on promeut juste l’abstinence.
«Sur d'autres substances, on tient plus compte de l'usage : on fait de l'accompagnement, on fournit des moyens pour réduire les risques. C'est d'ailleurs un paradoxe de la réduction des risques : on est répressif sur l'achat et la détention, mais bien plus libéral sur le matériel de consommation et les traitements de substitution. Il ne faut d'ailleurs pas trop tirer sur le modèle français, notamment pour les drogues injectables : notre dispositif fait partie des plus élaborés, même s'il manque les salles de consommation [lire ci-contre], l'héroïne médicalisée, la substitution aux stimulants. L'accompagnement à l'usage s'est développé avec ces substances présentant un risque de contamination virale. Mais, sur le cannabis, on prétend juste repousser la jeunesse en interdisant l'usage. Sans résultat convaincant.»