Menu
Libération
Reportage

Dans le Morvan, l’auberge du bon lieu

Article réservé aux abonnés
A Alligny, Isabelle et Emmanuel ont repris l’affaire familiale et ont réussi leur diversification.
publié le 18 avril 2014 à 19h56

Le café de campagne serait-il le dernier des Mohicans au pays de la licence IV ? Pour en avoir le cœur net, on a pris le chemin du Morvan, un pays d’eaux vives, de forêts et de landes juché sur des monts de granit qui ondulent entre Bourgogne, Massif central et Bassin parisien. On est ici aux confins de la Côte-d’Or, de l’Yonne, de la Nièvre et de la Saône-et-Loire. Ce qui, en termes de démographie de comptoir, donne 5 bistrots pour plus de 2 000 habitants en Côte-d’Or et 34 pour 1 300 à 1 600 habitants dans la Nièvre (1). Pas de quoi se noyer le gosier, direz-vous ; pourtant, ces commerces qui, selon les goûts et les humeurs de leurs propriétaires, peuvent être maison de bouche, café de village, pub, salle de spectacle et de réunion, méritent déjà le détour.

Poilu. On quitte les mamelons de l'Auxois du côté de Saulieu pour s'enfoncer parmi les collines bocagères où l'épine noire fleurit blanche, où le genêt se pare d'or sur les rives des étangs avant de débarquer à Alligny-en-Morvan, commune de 672 habitants qui s'étire sur 4 800 hectares entre un bourg et une pléiade de hameaux. L'Auberge du Morvan (2) est là depuis des lustres, tour à tour relais pour la malle-poste, pension pour vacanciers, enfin hôtel-restaurant et pub.

C’est une grosse bâtisse posée entre la pharmacie, le gîte communal, l’école où piaillent les minots à l’heure de la récréation et le monument aux morts où un poilu tient dans la main droite son fusil Lebel et dans la