Menu
Libération
Interview

«Dans mon village, on laisse ses bottes à l’entrée du café»

Article réservé aux abonnés
Vanik Berberian. Président de l’Association des maires ruraux de France :
publié le 18 avril 2014 à 19h56

Vanik Berberian est président de l’Association des maires ruraux de France et édile de Gargilesse-Dampierre (Indre), village d’un peu plus de 300 habitants.

Quel est le rôle d’un bistrot de village ?

Essentiel. Et même plus important qu’une école. Sur le plan social, c’est un lieu de première importance, où les gens se rencontrent. Le matin, je vais boire un café au bistrot du village, on commente le journal départemental, je rencontre les agriculteurs. On dit souvent «une école qui ferme, c’est un village qui meurt», j’ajoute le vrai village qui meurt, c’est quand le bistrot ferme. On est autour de la table, on partage. Le soir, on joue aux cartes. Dans nos villes, les bistrots ont disparu les uns après les autres. Dans les campagnes, rien ne les remplace. C’est culturel, économique, social.

Quelle évolution voyez-vous ?

Quand le bistrot ferme, souvent la commune fait l’acquisition de la licence et le confie à un loyer très modéré à un repreneur. La démarche «Bistrot de pays» propose une petite restauration locale, dans un principe de réseau qui aide à la mise en place de structures. C’est pour pouvoir continuer à répondre à cette vocation sociale et d’animation locale. Dans mon village, on laisse ses bottes à l’entrée du bistrot. On marche en chaussettes dans l’établissement. Le café fait tabac-journaux. Les jeunes de la communauté de communes viennent y faire leur pause. Le soir, un petit groupe vient jouer aux cartes. Dans ce café, la patronne met un soin particulier à ce qu’il y ait des fleurs. C’est personnalisé : on va chez Martine boire un