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Les filles «se font enrôler par le biais de l’humanitaire»

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L’anthropologue Dounia Bouzar a étudié le profil des jeunes attirés par «la guerre sainte» en Syrie.
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publié le 22 avril 2014 à 20h16

Un des derniers cas qu'elle a étudiés est celui d'une jeune fille qui se préparait à rentrer à Sciences-Po. En quelques semaines, elle avait basculé dans un islamisme radical plus proche de la secte que d'un intégrisme traditionnel, la conduisant à couper les ponts avec ses proches et cesser brutalement ses projets personnels. L'anthropologue Dounia Bouzar, ancienne éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), qui travaille depuis des années sur les processus de radicalisation, dit observer depuis quelque temps un changement notoire dans les profils de ces jeunes. «Il y a encore cinq, six ans, cela touchait clairement et essentiellement des jeunes en rupture, avec, souvent, des problèmes de pères déchus. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.»

Repli. En janvier, Dounia Bouzar publiait un ouvrage intitulé Désamorcer l'islam radical : ces dérives sectaires qui défigurent l'islam (1), où elle décryptait les mécanismes de ces radicalisations particulières, face auxquelles les parents se trouvent souvent démunis. Comment répondre aux premiers signes ? Qui contacter ? Comment agir en cas de volonté de départ ? Depuis la sortie de son livre et la création dans la foulée d'un Centre de prévention des dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI), Dounia Bouzar a été contactée par plusieurs dizaines de familles se trouvant dans ces situations. Un quart d'entre elles avaient vu leur fille ou leur fils partir en Syrie, soit c