Pour tenter de contrer le phénomène exponentiel des départs de jeunes Français en Syrie, évalués à 285 sur place, et enrayer l'échec global de la lutte contre le jihadisme, Bernard Cazeneuve a lancé une batterie de mesures, dont un numéro vert de signalement qui a été «activé» mardi. S'agissant «d'un problème européen», le ministre de l'Intérieur a rencontré à Londres mercredi ses homologues britannique, belge et allemand pour «aller plus loin dans le démantèlement des filières», échanger les expériences pour gérer les retours et préparer la réunion du 8 mai prévue à Bruxelles en vue de «renforcer la coopération entre les pays de l'UE».
Le juge antiterroriste Marc Trévidic, 48 ans, qui enquête depuis 2002 sur les filières islamistes radicales, revient sur l’arsenal juridique français, et notamment en cas de retour en France de jihadistes.
Comment gérer les retours en France de 120 à 150 jihadistes de Syrie, sachant que la justice ne traite qu’un quart de ces cas ?
Il faut garder cette habitude de faire du traitement individuel. Il existe une différence entre celui qui est allé quinze jours en Syrie et le jihadiste parti pendant un an et demi qui a pu s’entraîner et combattre sur place. Nous devons retrouver notre capacité à distinguer les cas, ce qui demande du temps et des surveillances. La peur d’un Merah bis est telle que l’on a tendance à vouloir crever l’abcès dès que des jihadistes rentrent de Syrie, sachant pourtant que ce n’est pas la bonne stratégie. On judiciarise bien plus qu’avant l’affaire Merah, cela déborde largement nos moyens. Mais il faut aller au-d