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Témoignage

Migrants: «Quatorze ans à errer et tu n’as rien»

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«Libération» a retrouvé Assef Husseinkhail, qui a tenté lundi la traversée de la Manche, depuis Calais, sur un radeau de fortune. Malgré les dangers, cet Afghan souhaite retenter l’aventure.
Assef Husseinkhail. (Photo Olivier Touron. Divergence)
publié le 8 mai 2014 à 19h56
(mis à jour le 11 mai 2014 à 14h46)

Il secoue la tête et soupire : «Il était bien, mon bateau. Si on m'avait laissé faire, je serais arrivé en Angleterre.» Assef Husseinkhail, 33 ans, migrant afghan, fils d'un berger de la région de Kaboul, est un rêveur et un chanceux. Lundi, il a dérivé plusieurs heures au large de Sangatte sur un radeau, avant de se faire intercepter dans l'après-midi par la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Quand on lui explique qu'il a failli mourir, il n'a pas envie de le croire.

C’est vrai que c’était un beau bateau : trois sobres planches de bois pour le cadre, trois autres pour le fond, un bloc de polystyrène enveloppé dans une bâche pour le flotteur, un pied de table et une canne à pêche en guise de mât, et une voile blanche en drap d’hôpital. Il était à genoux sur les planches, en survêtement et bonnet, à la merci des vagues.

«Pantoufles». A Calais, il est le symbole des risques, toujours plus grands, que prennent les migrants pour tenter de traverser la Manche. «Il était déçu qu'on l'ait récupéré. On lui a fait la leçon, raconte Bernard Barron, président de la SNSM locale. Il était au large de Sangatte, à 2 milles [3,6 km] des côtes, dans le chenal d'accès des car-ferries. C'est le capitaine du car-ferry P & O Spirit of Britain qui a signalé un frêle esquif qui dérivait» vers le cap Gris-Nez.

Assef Husseinkh