Politiquement, la romaphobie est-elle payante ? Les élections municipales viennent de donner l’occasion de tester l’efficacité électorale du discours politique anti-Roms. Bien sûr, il ne s’agit pas d’imputer à celui-ci les revers socialistes : nul ne peut accuser le Parti socialiste (PS) d’avoir pris le contre-pied de la droite qui l’a précédé aux affaires. Ce qui est vrai au niveau national, de Nicolas Sarkozy à Manuel Valls, soit de 2010 à 2012, ne l’est pas moins au niveau local. Aujourd’hui, la «question rom» ne dessine pas un clivage entre majorité et opposition. Restent cependant, sur le terrain local, des différences : de nombreux élus jouent la carte de la stigmatisation, mais quelques-uns misent sur celle de l’intégration. Les premiers en ont-ils vraiment bénéficié dans les urnes, et les seconds en ont-ils pâti ?
D'abord, qu'en est-il des maires qui ont attisé la romaphobie de leurs électeurs ? Il est difficile de les évoquer tous. A Bobigny (Seine-Saint-Denis), l'UDI Stéphane De Paoli a mis fin à quatre-vingts ans de communisme municipal ; il avait affiché sa volonté de «fermer les camps de Roms». Le maire UMP de Croix (Nord), Régis Cauche, a été réélu ; on s'en souvient, il allait jusqu'à déclarer : «Si un Croisien commet l'irréparable, je le soutiendrai.» Le maire UDI de Cholet (Maine-et-Loire) est également reconduit ; on l'avait entendu dire : «Comme quoi, Hitler n'en a peut-être pas tué assez.» De même pour Luc Jousse, maire UMP de Ro