Menu
Libération
Récit

Fusillade de Sartène : un procès à l’aveuglette

Article réservé aux abonnés
La justice a rendu son verdict hier : pour avoir tué son agresseur, la «cible» Balenci a été condamnée à 4 ans de prison… Le second tireur, lui, écope d’une peine de 18 ans.
publié le 22 mai 2014 à 22h26

Mardi après-midi, une juge d'instruction traverse la salle de la cour d'assises de Corse-du-Sud et s'arrête à la barre des témoins. Hélène Gerhards a bouclé le dossier de la fusillade de Sartène, jugé depuis dix jours à Ajaccio. Le 4 septembre 2010, deux hommes masqués avaient traversé la place du village pour aller exécuter Pierre Balenci mais celui-ci avait riposté, tuant Jacques Ettori. Un entrepreneur local dont le frère, François, est soupçonné d'être le deuxième tireur. C'est l'avocat de ce dernier, Jean-Michel Mariaggi, qui a fait citer la juge, pour qu'elle s'explique sur l'instruction. Elle semble tendue de ce côté de la barre. L'avocat a promis un retournement du procès. Une mise à mort de l'enquête. Mais l'audience va tourner autrement. Le procès devait répondre à trois questions. Pierre Balenci, la cible, est-il coupable d'homicide sur Jacques Ettori, l'agresseur tué ? Mercredi, le ministère public a requis la légitime défense - qui se traduit mécaniquement par un acquittement. Mais pourquoi Balenci était-il armé en terrasse d'un café, le matin ? «Ma tête était mise à prix», dit-il. Pourquoi ? Par qui ? Pas de réponse. Il a été condamné à quatre ans pour le port d'arme.

Bécasse. Deuxième enjeu, comprendre si François Ettori était le second tireur. Il connaissait l'identité du mort de la place Porta avant même que le masque du cadavre soit enlevé, s'était ensuite changé, avait disparu plusieurs heures, coupant son télé