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Libération
Reportage

«Quel sens ça a de si petites peines...»

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Travaux d’intérêt général, bracelet électronique, jour-amende… Après la condamnation, c’est au JAP qu’il revient d’aménager la peine. Un casse-tête.
publié le 2 juin 2014 à 18h56

C'est son métier : les délinquants défilent dans son bureau du sous-sol du tribunal de Créteil (Val-de-Marne). Ce matin-là, ils étaient tous récidivistes. Voleurs de fringues de supermarché, fumeurs de joint, chauffeurs ivres. «Dans l'esprit du public, les récidivistes sont des grands criminels. Mais la récidive concerne surtout la petite délinquance», note-t-elle. Sandrine Chabaneix est juge de l'application des peines - on dit «JAP». Ces magistrats sont au centre de la réforme pénale de Taubira : ce sont eux qui aménagent les peines de prison, contrôlent les personnes condamnées à un sursis avec mise à l'épreuve, hors de la prison, ou accordent les libérations conditionnelles. Ils sont au cœur du quotidien des auteurs de délits, dont l'histoire ne s'arrête pas une fois la condamnation prononcée.

Les visiteurs de Sandrine Chabaneix ont tous été condamnés à des peines de prison ferme. Mais, à la fin de l'audience, le juge ne les a pas envoyés en maison d'arrêt. Il leur a remis une convocation chez le JAP, pour que leur sanction soit transformée en travail d'intérêt général, en jour-amende, en placement sous bracelet électronique ou en semi-liberté. La loi prévoit que les condamnés à des peines égales ou inférieures à deux ans (un an pour les récidivistes) «bénéficient, dans la mesure du possible et si leur personnalité et la situation le permettent», d'un aménagement. Le projet de réforme prévoit de baisser ses seuils à un an.

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