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Libération
Décryptage

Réforme pénale, tout en demi-mesure

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L’Assemblée examine à partir de mardi le grand projet de Christiane Taubira. En préparation depuis deux ans, le texte a subi les coups de boutoir de la droite et de Hollande et Valls.
publié le 2 juin 2014 à 19h46

On l’a pensé cent fois enterré sous les pelletées d’accusations de laxisme, mais le voici finalement devant les députés. Le projet de loi relatif «à la prévention de la récidive et à l’individualisation des peines» est examiné à partir de mardi à l’Assemblée nationale. Preuve du courage de la majorité ? Un petit courage alors : certes, le texte scelle l’adieu à la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy - il rappelle que les juges doivent motiver leur décision d’enfermer un homme et que toute peine doit être individualisée. Mais décryptée mesure par mesure, la réforme pénale du gouvernement se révèle timide quand il s’agit de mettre concrètement en œuvre ce grand projet.

Il faut dire que les opposants au texte ont eu deux ans pour l'appauvrir : la réforme tant contestée a été sans cesse reportée. La droite y est allée à coups de butoir. Mais l'offensive la plus efficace est venue de l'Intérieur - Manuel Valls d'abord, et désormais Bernard Cazeneuve (lire ci-contre) - et du Château. François Hollande s'est montré plus inquiet de la courbe des sondages que de celle de la surpopulation carcérale. L'été dernier, Manuel Valls lui a fait savoir par courrier qu'il s'opposait à la «quasi-totalité des dispositions» de sa collègue Christiane Taubira. Au fil des arbitrages, la réforme a été assagie. La garde des Sceaux n'a pas eu le poids politique suffisant pour faire de son texte la grande loi qui reviendrait sur une croyance bien ancrée dans les mentalités : seule