Menu
Libération
Interview

«Un rendez-vous tous les quinze jours pour les profils à hauts risques»

Article réservé aux abonnés
La probation au Québec est concluante selon Denis Lafortune, criminologue à Montréal.
publié le 5 juin 2014 à 20h06

«Au Canada, la probation n'est pas un plan B», aime à dire Denis Lafortune, professeur à l'école de criminologie de Montréal. Le Canada a été l'une des sources d'inspiration de la réforme pénale de la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Mais le système est là-bas bien plus poussé, total. Au niveau fédéral, qui gère les personnes condamnées à des peines de plus de deux ans, 4 délinquants sur 10 sont «supervisés dans la communauté» («suivis dans le milieu ouvert», dirait-on en France), soit 100 000 personnes environ. Les prisons du Québec (l'Etat suit donc les condamnés à une peine de moins de deux ans) abritent en moyenne 5 500 personnes, quand 16 500 purgent leur peine à l'extérieur : sursis, conditionnelle, probation (10 600) ou travaux communautaires (2 300). Le Canada n'a pourtant rien d'un modèle parfait : la proportion de personnes incarcérées y reste supérieure à la France (117 détenus pour 100 000 habitants, contre 100). Surtout, le pays a mis les moyens pour que la probation fonctionne : au Canada, les agents de probation suivent 30 à 60 dossiers chacun - contre 100 à 150 pour les conseillers d'insertion français.

Denis Lafortune dispense régulièrement des formations aux agents de l’administration pénitentiaire français, preuve qu’au-delà de la réforme, la philosophie canadienne - contestée - pénètre un peu en France. Une pratique basée sur des modèles «mathématiques», du pragmatisme, des thérapies cognitivo-comportementales - loin de la tradition sociale e