De jeunes pousses de cannabis prennent le soleil dans l'entrebâillement du Velux de son deux-pièces, sous les toits. «Mon médicament», souffle Bertrand Rambaud, 53 ans, un anneau discret à l'oreille, quelques tatouages sur les avant-bras. Les tempes grises, les joues creuses, il parle sans détour de ses trente ans de sida et de la marijuana qui, depuis quinze ans, lui permet, dit-il, de supporter la trithérapie et soulager ses douleurs. Sans cette plante, il serait «mort depuis longtemps», assure-t-il, assis sur le clic-clac usé de son coin salon.
Le mobilier sommaire et un vague désordre donnent au lieu des airs de piaule étudiante. C’est ici, en plein cœur du vieux Schiltigheim, quartier à colombages et jardinets de la commune accolée à Strasbourg, que les flics ont débarqué il y a deux mois. Ils ont mis la main sur ses cultures, une vingtaine de plants de marijuana de taille adulte. Ils ont aussi trouvé 200 grammes de fleurs de cannabis dans l’armoire à pharmacie ; dans son congélateur, 300 grammes de feuilles.
Le procès en correctionnelle de Bertrand Rambaud s’ouvre ce lundi à Strasbourg. Président de l’association UFCM-I Care, l’Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine depuis avril 2013 , il est jugé pour usage, détention, production de cannabis et incitation à la consommation. Alors que la prise de cannabis à des fins médicales, à titre compassionnel, est légal dans une demi-douzaine de pays et une vingtaine d’Etats américains, il risque jus