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Interview

Rénovation urbaine : «Le regard que les habitants portent sur eux-mêmes a changé»

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Le directeur général de l’Anru, Pierre Sallenave, dresse le bilan des dix ans de ce programme public titanesque qui a permis la rénovation de 500 quartiers défavorisés.
Le quartier du Val-Fourré à Mante-la-Jolie, le 6 juin. (Photo Jean-Michel Sicot)
publié le 17 juin 2014 à 16h57

Alors que s'ouvrent les journées nationales de la rénovation urbaine, le gouvernement a présenté la nouvelle carte des communes éligibles aux aides de la politique de la ville. Pierre Sallenave, directeur général de l'Anru, dresse le bilan des dix ans de ce programme public titanesque qui a mobilisé plus de 44 milliards d'euros et permis de rénover 500 quartiers défavorisés.

En dix ans, le programme national de rénovation urbaine a changé le visage de très nombreux quartiers populaires, est-ce que cela a changé pour autant la vie des habitants ?

Indiscutablement oui. Le visage d’un quartier, c’est aussi la façon dont les gens le vivent. Quand vous vivez dans un endroit nettement plus accueillant, quand vous avez un logement en meilleur état, où vous n’avez plus de problèmes de chauffage, avec des commerces dans le quartier, avec des transports en commun, quand vous avez une école qui donne envie d’accompagner ses enfants le matin, oui, les conditions de vie changent.

Cela va bien au-delà car ce changement matériel est aussi représentatif de ce que l’on commence à dire à ces quartiers et à leurs habitants : vous êtes des gens importants, vous comptez, vous êtes l’avenir de notre pays. Alors que beaucoup avaient le sentiment d’être des laissés-pour-compte. Je me souviens d’une dame disant «nous sommes les déchets de la société». Et cela, c’est peut-être encore plus important car, d’un seul coup, le regard que les gens portent sur eux-mêmes et sur leur place dans la société n’est plus le même. Quand on va dans