La rétention de sûreté est l'une des mesures les plus emblématiques mises en place par Nicolas Sarkozy dans le champ de la justice. Elle permet de maintenir enfermés des criminels après leur peine, s'ils sont alors toujours jugés dangereux. La commission des lois du Sénat réclame sa suppression: les sénateurs socialistes défendront un amendement en se sens lors du débat sur la réforme pénale, qui débute le 24 juin.
Peut-on enfermer quelqu’un de peur qu’il commette un crime dans l’avenir? En droit, oui. En pratique, c’est moins simple.
Un dispositif créé sous Sarkozy
La loi du 25 février 2008 a créé deux nouveaux dispositifs destinés aux grands criminels: la surveillance de sûreté et la rétention de sûreté. La première permet d'imposer des obligations ou des interdictions à quelqu'un, après qu'il a purgé sa peine. La seconde de le priver, physiquement, de sa liberté, tout en lui offrant «une prise en charge médicale, sociale et psychologique destinée à mettre fin à cette mesure». La loi délimite précisément les cas dans laquelle la justice peut recourir à de telles extrémités. Surveillance et rétention ne concernent que des personnes initialement condamnées à 15 ans de prison minimum, et pour des faits graves: assassinat, meurtre, actes de torture et de barbarie, viol, enlèvement ou séquestration, commis sur un mineur ou en récidive. De plus, la possibilité de recourir à la rétention de sûret