Olivier Galland, sociologue au CNRS (coauteur de la Machine à trier), analyse le rôle des stages dans la précarité des jeunes Français.
Légiférer sur les stages était-il une priorité ?
Il est nécessaire de lutter contre les abus. En même temps, il est délicat de savoir où mettre le curseur. Si on le pousse trop loin, si on rigidifie trop l’accès aux stages, on risque de réduire les chances d’en trouver pour les jeunes les plus défavorisés, qui n’ont pas de relations sociales, dans un pays où, sans doute plus qu’ailleurs, les réseaux personnels comptent beaucoup. Il existe en effet une grande inégalité entre les jeunes ayant des réseaux familiaux et ceux qui n’en ont pas. De trop fortes restrictions risqueraient de les handicaper.
Autre chose importante : les pays qui réussissent le mieux à réduire le chômage des jeunes sont ceux où la coupure études-travail est la moins forte, et où les étudiants font beaucoup de petits boulots, de stages, etc. Ils acquièrent une expérience qui peut ensuite leur servir de tremplin vers l’emploi. Réduire cette coupure et développer les stages est donc une bonne chose. Mais il faut aussi réprimer les abus.
A quels pays pensez-vous ?
L’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas… Même si les choses évoluent, notre système s’apparente plutôt aux pays du sud de l’Europe, où les études et l’emploi sont deux séquences successives qui ne se superposent pas. Il faudrait aller vers un modèle avec une meilleure articulation.
Les stages sont-ils un élément important de la précarité ?
Dans la transition vers l’emploi, il y a une phase instable, durant laquelle les jeunes ont essentiellement des CD