«Rien à voir ?» C'est la question que pose le titre de ma tribune, publiée le 25 juin dans Libération. «L'affaire Darius n'a rien à voir avec l'affaire Ilan Halimi», tranche en réponse Éric Decouty sur la même page. Et de récuser mon analyse, qui «repose sur des faits dont nul ne sait rien, sur un réel fantasmé, sur des amalgames et des contradictions». Bref, «attendons les faits», dont seuls disposeraient «peut-être les juges et les enquêteurs». On notera au passage que, s'il rejette mon argument, ce journaliste n'y relève aucune erreur factuelle, tandis qu'aucun élément empirique n'apparaît dans sa tribune.
Admettons un instant qu'il soit impossible à ce jour de valider l'hypothèse raciste ; alors, il le serait tout autant de l'invalider. C'est pourtant, je l'écrivais, ce qu'on nous dit aujourd'hui : «La procureure de la République l'a répété : l'agression ultraviolente du jeune Darius n'a, a priori, rien à voir avec ses origines roms.» Tel est mon point de départ : comment peut-on écarter a priori cette possibilité – avant même d'appréhender le moindre suspect ? Ce geste, Éric Decouty le redouble en affirmant que les deux affaires n'ont «rien à voir» – du moins, «en l'état de ce que les journalistes ou les sociologues peuvent