«Mesdames et messieurs, la haine !» Le rideau de la scène du théâtre de la Main d'or s'ouvre. Dieudonné apparaît, hilare. Il porte un pyjama orange de détenu de Guantanamo, traîne des fers aux pieds. Un détail, le mot «quenelle» brodé au niveau de la poitrine. Le décor est minimaliste. Seule la réplique d'un Famas, fusil mitrailleur de l'armée française, attire l'attention sur son pupitre. «L'humoriste» présente ce jeudi soir son nouveau spectacle, «La bête immonde», dans son fief du XIe arrondissement parisien.
Il y a six mois, son précédent show, truffé de saillies antisémites, avait été interdit par le Conseil d'Etat. Dieudonné s'en souvient bien, et ne se prive pas d'en jouer. Il est «l'antéchrist», «le mal». Comme à son habitude, il se met rapidement la salle dans la poche. Il y a «eux» - comprendre le «système» -, et il y a «nous». Les éventuels ennemis, «journalistes et huissiers» qui seraient venus assister à sa première, sont immédiatement raillés. Le public, «venu rigoler avec la bête immonde», est aux anges.
Dieudonné ne traîne pas. D'emblée, il en vient à son fond