Où est passé l’argent ? Dans l’affaire Bygmalion, s’il ne restait qu’une seule question, ce serait celle-là. Et plus précisément : où sont passés les 17 millions réglés par l’UMP à la société Event & Cie, chargée d’organiser les meetings de Nicolas Sarkozy, et non déclarés aux comptes de campagne ?
Plusieurs faits sont difficilement contestables. En 2012, l’UMP a bien réglé 22 millions d’euros de factures à Bygmalion, société fondée par deux proches de Jean-François Copé. Une partie de cette somme (4 millions) a été déclarée aux comptes de campagne. D’après les cadres de Bygmalion, comme d’après Jérôme Lavrilleux, l’ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé, le reste de cet argent dissimulé à la commission des comptes aurait servi à financer la campagne de 2012, qui se serait emballée au point de coûter deux fois plus cher que le plafond légal.
Les factures des prestataires, que Libération a révélées la semaine dernière, confortent cette thèse. Dans le camp sarkozyste, des doutes subsistent pourtant : les prestataires n'ont-ils pas gonflé leurs factures ? N'ont-ils pas reversé, sous la forme de rétrocommissions, de l'argent au clan Copé ? Pierre Boiteau, le patron de l'entreprise Léni, spécialisée dans la location de matériel informatique et vidéo et qui a facturé 4 millions d'euros pendant la campagne, a accepté de