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Enfermés dehors à Calais

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Soudanais, Afghans… ils sont des centaines à vivre là, les yeux rivés vers l’Angleterre. «Libération» les a suivis de camps en squats, alors que les expulsions se multiplient.
Des Kurdes d'Irak, à Calais, en mai. (Photo Lionel Charrier. Myop)
publié le 4 juillet 2014 à 18h06
(mis à jour le 7 juillet 2014 à 11h10)

Il n’y a plus rien quai de la Loire à Calais, juste une esplanade vide devant le port, et des grilles pour empêcher de rentrer. Pendant huit mois, il y a eu un camp de tentes et de bâches en pleine ville, peuplé de migrants afghans et syriens. Il a été évacué par les bulldozers, le 28 mai. Le soir même, il a resurgi. A nouveau un camp de tentes et de bâches, que les migrants appellent «Salam». Il a suffi de traverser la rue. Ils y ont rejoint quelques Erythréens et Soudanais qui fuyaient un autre camp le long du canal, promis aussi à la destruction. A Calais, les migrants migrent. On les expulse, mais ils ne disparaissent pas, sauf quand ils passent en Angleterre. Et d’autres arrivent. Pendant une quinzaine de jours, on est allé les voir, là où ils étaient. En attendant d’être à nouveau évacués.

Mardi 10 juin, 14 heures

Au soleil, les Afghans jouent au cricket, les Erythréens au foot. Cernée de grilles, à l'entrée du port de Calais, l'aire du repas des migrants ressemble à une cour de prison. «En prison, c'est mieux, tu as deux repas par jour», grince un Afghan. Ici, il n'y en a qu'un, sauf le week-end. «Faites venir des grands bateaux pour l'Angleterre, continue-t-il. Fini Calais. Tout sera propre, les gens tranquilles.»

Il faut se baisser pour entrer dans «Salam» - les migrants ont fini par donner au lieu ce nom, celui d’une des associations qui donne les repas. On s’y glisse par deux entrées, déchirées dans le grillage. Côté port, l’odeur des trois toilettes de chantier q