Ministre des Droits des femmes depuis l’élection de François Hollande en mai 2012, Najat Vallaud-Belkacem s’est affirmée au fil des mois comme une voix singulière du gouvernement. Féministe, symbole d’une classe politique rajeunie, à 36 ans elle milite de longue date pour l’introduction d’une mesure pénalisant les clients de prostitué(e)s. Depuis avril, et le remplacement de Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls à Matignon, son action apparaît plus brouillée. L’ancien pensionnaire de Beauvau l’a installée au sein d’un ministère «Shiva», rassemblant de façon hasardeuse les Droits des femmes, la politique de la Ville, la Jeunesse et les Sports. Un dédale dans lequel elle peine à trouver sa place.
Comment réagissez-vous à la suppression par la commission spéciale du Sénat de l’article 16 instaurant la pénalisation des clients de prostituées ?
D’abord, je me félicite que le Parlement progresse sur cette proposition de loi : depuis son adoption à l’Assemblée nationale en décembre, ce texte a fait l’objet d’un travail ininterrompu dans le cadre de la commission spéciale mise en place au Sénat. Pour les personnes prostituées, être ainsi l’objet de l’intérêt et de l’attention des parlementaires qui ont multiplié les auditions et les réflexions, c’est une très bonne chose. Longtemps, c’est resté un sujet tabou, emprisonné dans le silence et la fatalité. La commission spéciale a donc adopté ce texte, ce qui est une bonne nouvelle, même si elle l’a amputé d’un de ses quatre piliers, à savoir la responsabilisation des clients.
Honnêtement ce n’est pas vraiment une surprise. D’abord, vous savez bien que le Sénat est une Chambre où les ma