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Libération
Reportage

Rue Saint-Denis, les «traditionnelles» ont peur des effets pervers

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Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
Selon les prostituées du IIe arrondissement de Paris, le débat nuit déjà au commerce.
Une prostituée, rue Saint-Denis à Paris, en 2011. (Photo Miguel Medina. AFP)
par Lucas Burel
publié le 11 juillet 2014 à 19h36

«J'ai déjà perdu les deux tiers de mon chiffre d'affaires. Les clients ont peur. Dès qu'ils montent, ils veulent savoir s'ils risquent d'être embarqués, déplore Véronique, perchée sur d'interminables talons, en bas de l'appartement où elle fait ses passes, rue Saint-Denis à Paris. On a été soulagées d'apprendre que la pénalisation des clients était au moins retardée. Mais la rumeur, elle, a déjà provoqué des dégâts.» Malgré l'arrivée des Asiatiques et des Nigérianes, une quarantaine de «traditionnelles», comme Véronique, attendent les clients, de jour comme de nuit, dans cette artère du IIe arrondissement, et les petites rues qui l'entourent. Tout près de là, sous la pluie, rue Blondel, elles sont une douzaine sous leur parapluie aux couleurs criardes à faire de même. En mini-jupe et porte-jarretelles de rigueur.

«Absurde». Prostitution «traditionnelle» contre «réseaux mafieux», l'opposition n'est pas nouvelle mais les filles du quartier Strasbourg-Saint-Denis tiennent plus que jamais à faire la distinction : «On n'a rien à voir avec les réseaux. Ces filles sont victimes de proxénètes et n'ont souvent pas de papiers. Moi, j'exerce mon activité seule et en toute responsabilité. Je suis propriétaire de la chambre où je travaille et je paye mes impôts», raconte Magalie, sous le regard étonné des passants, qui n'oublient jamais de jeter un coup d'œil furtif à son décolleté spectaculaire. Elle con