Menu
Libération
Décryptage

La peine de prison, une arme antiraciste ?

Article réservé aux abonnés
L’ancienne candidate qui avait comparé dans un photomontage Christiane Taubira à un singe a été lourdement condamnée, mardi. Le FN aussi.
Une affiche de l'ex-candidate du Front national aux élections municipales, le 18 octobre 2013 à Rethel (Photo Francois Nascimbeni. AFP)
par Charlotte Rotman et Jacques Frédéric, (à Cayenne)
publié le 16 juillet 2014 à 20h16

Signal nécessaire ? Peine disproportionnée ? Christiane Taubira n'a pas l'habitude de commenter des décisions de justice. «Je ne ferai pas d'exception», a déclaré la garde des Sceaux, en sortant mercredi du Conseil des ministres sur une affaire qui la concerne directement : la condamnation à neuf mois de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité d'une ancienne candidate du FN qui l'avait comparée à un singe.

Elle a toutefois souligné que «les magistrats jugent en droit, c'est-à-dire qu'ils ne jugent pas selon leur fantaisie, ils jugent selon le code pénal». Le FN a lui aussi été condamné à 30 000 euros d'amende. Les deux ont indiqué qu'ils allaient faire appel. La condamnation à de la prison ferme, inhabituelle, est-elle trop sévère ? Pédagogique ? Le temps d'une journée, la France est-elle devenue «ce pays où on s'indigne plus d'une condamnation pour injure raciste que d'une injure raciste», comme le regrette l'avocat Maître Eolas (lire page 4) sur Twitter ?

Comment l’affaire a-t-elle démarré ?

Anne-Sophie Leclère était poursuivie pour «injure publique à caractère racial ainsi que provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale». Pour le premier motif, la peine maximale encourue est de six mois de prison ferme et 22 500 euros d'amende. Pour le second, un an de prison ferme et 45 000 euros d'amende. Le 17 octobre, un reportage d'Envoyé spécial avait filmé la commerçante âgée de 33 ans et adhérente au Front national, alors tête de l