Chaque jour, des dizaines de candidats à l'asile en France prennent le RER A, s'arrêtent à la station Val-de-Fontenay (Val-de-Marne), marchent quelques dizaines de mètres, et s'installent dans la longue file d'attente devant l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides. L'Ofpra : cinq lettres qui équivalent au sésame dans l'imaginaire de ces personnes à la recherche d'un refuge. Libération a été autorisé à assister à plusieurs entretiens. Dans un box seulement garni d'une table et de deux chaises, le postulant a une heure, parfois deux dans les cas les plus compliqués, pour convaincre l'officier de l'Ofpra (il s'agit de juristes ou de spécialistes des sciences humaines) du risque de persécution qu'il encourt en cas de retour dans son pays d'origine.
Caserne. Ce matin ensoleillé de juin, un Géorgien d'origine arménienne prend place. Après avoir exposé les règles de l'entretien, que va traduire un interprète, l'officier entreprend une longue série de questions : d'abord sur l'identité du candidat, puis sur son histoire. L'homme, âgé de 22 ans, explique avoir subi des humiliations pendant son service militaire en raison de ses origines arméniennes.
Premier souci : le candidat à l’asile présente des documents d’identité sur lesquels ses prétendues origines arméniennes n’apparaissent pas. Nerveux, il raconte que pendant longtemps les Arméniens vivant en Géorgie pouvaient, moyennant un peu de corruption, éviter de faire