Valérie Igounet, historienne, spécialiste de l’antisémitisme et du négationnisme, analyse les nouvelles formes que prend l’antisémistisme dans le contexte national et international actuel.
Peut-on parler de «néo-antisémitisme» en France ?
La phraséologie actuelle est, selon moi, nettement identifiable. Elle réutilise les stéréotypes de l'antisémitisme du début du XXe siècle, notamment ceux du classique antisémite (et réédité plusieurs fois dans le monde), les Protocoles des sages de Sion. Cette rhétorique qui s'appuie sur la diabolisation entend prouver l'existence d'un complot juif - et d'une domination - avec un vocabulaire rattaché à cette thématique : «pouvoir, forces occultes, secrètes, démoniaques, mensonges», etc. L'antisémitisme actuel n'est donc que le prolongement d'un antisémitisme «historique» qui existe depuis des siècles, avec de nouvelles «données» inhérentes à l'histoire ainsi qu'aux contextes national et international. En revanche, il existe bien une libération et une banalisation des paroles et actes antisémites en France, notamment dans les banlieues.
Comment s’est-il adapté à la période post-Seconde Guerre mondiale où l’antisémitisme «classique» a été largement «démonétisé» ?
Dans l’immédiat après-guerre, l’antisémitisme classique peut difficilement s’exprimer étant donné la proximité de l’extermination des Juifs. Dans un premier temps, il va se reformuler autrement, notamment par le négationnisme. Ensuite, l’antisionisme va constituer un autre vecteur de formulation, se confondant même avec le précédent.
Dans l’internationalisation du discours antijuif ainsi que dans son évolution, le contexte israélo-arabe cons