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TRIBUNE

GPA : pour un débat argumenté et respectueux des personnes

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La GPA en débatdossier
La natalité reste forte en France. (Photo Olexander Zobin.AFP)
par Irène Théry, Directrice d’études à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), présidente du groupe de travail «Filiation, origines et parentalité, missionné par le ministère de la Famille
publié le 23 juillet 2014 à 18h06

La gestation pour autrui participe d’un phénomène extrêmement peu fréquent au plan statistique mais en développement certain : l’engendrement avec tiers donneur. Ce terme désigne de façon générique les cas où des personnes donnent de leur capacité procréatrice pour permettre à d’autres d’engendrer un enfant et d’en devenir les parents, avec l’aide de la médecine et l’encadrement du droit. Ces dons d’engendrement peuvent être des dons de sperme, d’ovocyte, d’embryon ou encore de gestation. Ils ont chacun leur spécificité et posent donc des questions pratiques, émotionnelles, conceptuelles, éthiques et juridiques en partie distinctes. Les différents pays n’autorisent pas les mêmes dons et ne les réglementent pas de façon identique.

Parmi les différences entre ces dons, la plus capitale n’est toujours pas perçue à sa juste mesure : c’est celle qui distingue dons masculins et dons féminins. Trop peu de gens s’avisent que le don d’engendrement en général a été pensé au départ sur un modèle unique : celui du don masculin de sperme, le seul possible dans les années 70, au début de la procréation assistée. Or, ce modèle était non seulement masculin, mais traditionaliste, en référence à l’adage «le père est celui que les noces désignent», qui permet depuis des siècles de faire passer en droit le mari pour le géniteur de l’enfant, même quand il ne l’est pas. En réalité, on a institué il y a cinquante ans le déni juridique du don de sperme au moment même où on l’organisait dans les clin