Recteur de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou est l’une des figures respectées de l’islam de France. Pour lui, le conflit israélo-palestinien est importé de fait sur le sol français. Mais il plaide pour la liberté d’expression et pour une approche citoyenne et politique de la question. Sur le terrain, il redoute une montée des périls.
Que pensez-vous de l’interdiction, la semaine dernière, des manifestations ?
Interdire une manifestation, c’est toucher à un droit garanti par la République. C’est l’un des acquis de notre démocratie. Priver de ce droit une majorité de manifestants pacifiques, sous le prétexte d’une minorité qui sème le trouble, c’est augmenter la frustration. Cela a été très mal vécu sur le terrain. Une fois de plus, c’est une sorte de deux poids, deux mesures. Au lieu de guérir le mal, on l’a renforcé. Il fallait encadrer les manifestations, éviter les itinéraires passant près des lieux sensibles.
Que vous inspirent les violences qui ont eu lieu à Barbès et à Sarcelles ?
C'est évidemment scandaleux. Il faut que la loi s'applique et condamner les actes antisémites. Mais il n'y a pas de manifestations sans dérapages. Voyez les agriculteurs ou la Manif pour tous. Il y a toujours des cinglés et des excités. Il faut aussi rappeler que les excités ne se trouvent pas seulement chez les manifestants. La LDJ [Ligue de défense juive, ndlr] est une sorte de milice qui, elle aussi, a contribué au trouble à l'ordre public. Il faudrait être juste dans les condamnations.
Un palier a-t-il été franchi cette fois-ci, notamment avec ce qui s’est passé autour des synagogues ?
Le conflit israélo-palestinien est un sujet explosif. Il est importé de fait. Dans le climat actuel de la France, le dérapage était prévisible. No