Ce jour-là, Daniel Amigo ne s'attend pas à être arrêté. Il rentre du piquet de grève, sa femme lui dit que les gendarmes sont passés le voir. Il se rend à la gendarmerie, sans méfiance. Coffré. «Entrave à la liberté du travail. Je m'étais jeté dans la gueule du loup», raconte-t-il de sa voix rauque, dans sa petite maison de Méricourt, près de Lens (Pas-de-Calais). Il a 87 ans, il en avait 21 à l'époque.
Le 17 novembre 1948, il entre abasourdi à la prison de Béthune. «On était onze dans la cellule. Il n'y avait qu'un lit, un truc en bois. Le plus vieux dormait dessus, et les autres par terre, comme des bestiaux. Je ne connaissais personne. Certains mineurs avaient fait la révolution en Espagne. Le soir ils chantaient des chansons révolutionnaires. Ça me faisait quelque chose au cœur. Dehors, les gens s'approchaient pour écouter.» A son procès, il ne se souvient pas avoir eu la parole. «Je défendais mon pain. J'avais rien fait de mal.» Deux mois de prison ferme. En appel, un mois de plus. Et à sa sortie, viré de la mine. Plus de travail.
Ex-résistants. C'est l'histoire de quelques milliers d'hommes, aujourd'hui presque tous morts, victimes d'une parodie de justice. Et pour qui la garde des Sceaux Christiane Taubira a entrepris de «mettre fin à une injustice» (lire page suivante). Ces mineurs avaient fait grève, et l'ont payé toute leur vie. Certains ont été jetés en prison puis licenciés, et quas