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portrait

Henriette Caillaux. Une fine gâchette

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Tout juste acquittée, la femme du ministre s’explique sur les raisons de son geste qui a coûté la vie au directeur du «Figaro».
(Photo Hulton Archive. Getty Images)
publié le 3 août 2014 à 18h06

C’est sans grand espoir que nous avions demandé à la rencontrer, au lendemain de son acquittement par la cour d’assises de Paris. Et, pourtant, la voici aujourd’hui devant nous, veste noire, blouse mauve, longue plume plantée sur un chapeau de paille, voix légèrement éraillée, air las mais déterminé. Elle ne ressemble guère au portrait qu’en ont tracé les confrères le mois dernier, femme évaporée toujours au bord de l’évanouissement pour les uns, être peu féminin, dur et manipulateur pour les autres. Henriette Caillaux est quelque part entre les deux, une élégante de son temps, souris aux gestes vifs et précis, quoiqu’avec un peu de mollesse dans le visage. Elle a 39 ans.

Elle a choisi de venir nous voir au journal. «Pour dire les choses, toutes les choses.» A l'accueil, personne n'a songé à s'assurer qu'elle n'était pas armée, faute sans doute de l'avoir reconnue. Qui aurait pu deviner que c'est ce petit bout de femme qui, le 16 mars, a abattu le directeur du Figaro de six coups de pistolet tirés à bout portant ? Plus tard, bien plus tard durant l'entretien, elle se laissera aller à cette confidence : «Chez Gastinne Renette, ils m'avaient d'abord montré un revolver ordinaire d'un prix de 95 francs, mais la détente était trop dure et je me suis blessée au doigt en la manipulant.» Alors, elle a préféré acheter, pour 55 francs, un pistolet automatique Browning plus maniable, qu'elle est immédiatement allée essayer dans le sous-sol de l'armurier. Après

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