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Libération
14-18

Non, les taxis de la Marne n'ont pas sauvé Paris

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14-18, le centenaire d'une guerre mondialedossier
Et autres idées reçues sur la Grande Guerre.
Photo datant du 5 septembre 1914 des centaines de taxis parisiens devant les Invalides à Paris. (Photo AFP)
publié le 3 août 2014 à 11h50

Les historiens ont beau s’employer à les déconstruire inlassablement, les manuels scolaires ont beau se mettre à jour, les idées reçues sur la Grande Guerre sont tenaces. Parce qu’elles ont le mérite de la simplicité face à un événement incroyablement vaste et complexe ? Rappel en six points.

Non, la guerre n’est pas née d’un complot industrialo-financier

C'est la lecture marxiste des industriels et financiers fauteurs de guerre, dans un contexte de rivalité économique exacerbée et de forte expansion commerciale allemande. Cette thèse est née très tôt dans les milieux de gauche de l'époque. Jean Jaurès n'avait-il pas dit, dans son dernier discours, que «le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage» ? En réalité, si les profits de guerre ont été incontestables et parfois considérables (dans la métallurgie, la chimie…), cela ne signifie pas pour autant que les industriels ont sciemment poussé à la guerre. Beaucoup en sont plutôt sortis ruinés. Les financiers ne furent pas non plus des va-t-en-guerre. «On sait que des financiers de la City se sont prononcés pour la paix», note Nicolas Offenstadt, historien à l'université Paris I - Panthéon Sorbonne, auteur avec André Loez de La Grande Guerre. Carnet du centenaire (Albin Michel). «Bien sûr, les enjeux et les rivalités économiques ont pesé, mais à l'époque les économies étaient aussi très interdépendantes et beaucoup de secteurs avaient plutôt intérêt à la paix.»

Dès le traité de Versailles et l'imputation de la responsabilité à l'Allemag