Maître de conférences en socio-anthropologie de la santé à la faculté de médecine de Lille (Nord), Catherine Le Grand-Sébille est l'auteure d'une étude intitulée «Fins de vie. Plaisir des vins et des nourritures», réalisée à partir de 200 entretiens dans des maisons de retraite, des hôpitaux, des unités de soins palliatifs, avec des patients, leurs familles et les personnels soignants. Elle va assurer la formation du personnel participant au projet de bar à vin au CHU de Clermont-Ferrand.
Que peut apporter une gorgée de vin à une personne en fin de vie ?
Le plaisir de retrouver des goûts et des saveurs qu'elle appréciait et qui la maintiennent dans une permanence de l'existence qui est réconfortante, pour peu que l'appétit soit encore là, ou qu'il soit retrouvé parce que certains traitements, par exemple, qui l'altéraient ont été supprimés. Ce ne sont pas toujours les mets d'exception, les vins les meilleurs qui font plaisir. C'est davantage ce que l'on a toujours aimé, toujours eu l'habitude de consommer, qu'il est important de maintenir comme permanence, justement, quand la maladie grave contraint, elle, à «changer d'allure», comme disait le philosophe Georges Canguilhem.
La médicalisation n’est-elle pas un obstacle aux plaisirs de la table ?
Si, bien sûr, les conduites alimentaires, les manières de boire font assurément l’objet de recommandations médicales, d’un contrôle sanitaire dans le cadre de pathologies déclarées et, souvent, dans un objectif de prévention, même en fin de vie, ce qui n’est pas sans nous surprendre. Ainsi, en cas de diabète ou d’antéc