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TRIBUNE

Être «Pupilles de la Nation» sans pouvoir être français

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Quelques centaines de pupilles de la nation se sentent aujourd’hui au banc de notre pays. Les commémorations d’aujourd’hui méritent que nous nous en souvenions et que nous leurs rendions hommage en réparant cette injustice.
. (Illustration Stefano Rossetto)
par Jean-Yves Leconte, sénateur représentant les Français établis hors de France
publié le 15 août 2014 à 15h39

Dans quelques jours nous allons commémorer à Toulon le 70ème anniversaire du débarquement de Provence. A cette occasion nous nous rappellerons que ce sont plusieurs dizaines de milliers de soldats provenant de nos colonies et de nos départements d'Outre-mer qui sont venus en France payer le prix du sang pour que nous retrouvions notre liberté.

Il y a quelques années, la sortie du film Indigènes allait avoir pour conséquence l'octroi des mêmes retraites aux combattants quelle que soit leur nationalité : une injustice pesante était ainsi réparée.

Néanmoins il en reste d’autres. L’une d’entre elles est que les fils et filles de soldats étrangers «morts pour la France» et reconnus «Pupilles de la Nation» alors qu’ils étaient mineurs, c’est-à-dire adoptés par la nation, ne peuvent pourtant pas devenir français s’ils résident hors de France. Est ainsi fermée la porte de la nationalité française aux enfants des étrangers qui ont lié par leur sacrifice leur destin à celui de la nation. Concrètement, une pupille de la nation vivant à l’étranger ne peut aujourd’hui obtenir la nationalité française s’il la demandait, et peut même faire l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière, s’il se trouve sur le territoire national ! Cela s’est produit à plusieurs reprises.

Cette situation du droit de la nationalité est contraire avec notre conception de la nation qui pose le principe qu’est français celui qui appartient à la communauté nationale. Comment est-il donc possibl