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Libération
TRIBUNE

Misère du badiousisme politique

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par Gérard Bensussan, Philosophe, professeur à l’université de Strasbourg
publié le 19 août 2014 à 18h06

Je voudrais répondre en deux mots à Alain Badiou (lire Libération de mardi 12 août) - en laissant ici de côté l'outrance et la grossièreté de ton qui le ridiculisent, et la violence qui le déconsidère. On le sait, le concept de chien n'aboie pas. De même, le «concept» (badiousien) de gifle ne gifle pas. Mais il fait un peu de vent. Passons…

D'abord sur l'«oxymore» antisémitisme d'extrême gauche. Je n'ai guère la place d'approcher les subtiles (et nécessaires) distinctions qu'il faudrait faire entre l'oxymorique et l'impossible. Chacun aura compris que ce que dit clairement Badiou ici, c'est : l'antisémitisme de gauche ou d'extrême gauche, ça n'existe pas, pas davantage, sans doute, que les synagogues attaquées, les propos de tel ou tel, la haine affichée, etc. L'affirmation est grotesque et évidemment contraire à ce que l'histoire des socialismes européens atteste mille fois, abondamment, à profusion. Je citais dans mon texte [lire Libération du 23 juillet, ndlr], juste pour tracer un indice documentaire, Proudhon (qui prônait l'extermination physique des juifs) et Dühring (dont l'antisémitisme prénazi fut exécré et par Engels et par Nietzsche). J'aurais pu mentionner de nombreux autres noms et dresser un très éloquent florilège de presque toutes les figures du socialisme entendu au sens large (Marx compris, mais son