Rue des Italiens, à Paris (IXe), seuls trois étages séparent le pôle financier du parquet de Paris du tout nouveau parquet national financier (PNF), né de l'affaire Cahuzac. Officiellement, la cohabitation se passe parfaitement. Il y a bien eu quelques «heurts» au départ, notamment dans la répartition des dossiers, mais les deux juridictions travaillent aujourd'hui main dans la main. Difficile, pourtant, de ne pas voir derrière la réorganisation annoncée par François Molins une façon de reprendre la main sur les affaires financières. Depuis la mise en place du PNF, en février 2014, le procureur de Paris s'est vu dessaisi de ses dossiers les plus emblématiques : Cahuzac, Dassault, Balkany, Guéant, Wildenstein, financement libyen de la campagne de 2007… Au total, plus d'une centaine de dossiers ont changé d'étage.
Certes, Paris a conservé quelques dossiers politiques de premier plan, comme Bygmalion (qui n’entre pas dans les attributions du parquet national) ou Karachi (car le dossier était trop avancé pour migrer), mais pour les affaires les plus sensibles, le PNF est désormais en première ligne. En récupérant les dossiers présentant un «haut degré de complexité», en particulier en matière de lutte contre la corruption et la fraude fiscale, la juridiction dirigée par Eliane Houlette a hérité d’un domaine d’intervention particulièrement large.
Raillé au départ pour son manque de moyens, le PNF voit peu à peu ses effectifs s'étoffer. Cinq à l'origine, les parquetiers s