«Je voulais devenir juge pour enfants, mais je me suis découragée. Comme j’étais bilingue, j’ai choisi la solution de facilité en bifurquant vers des études d’anglais. Enseigner m’a plu, j’avais trouvé ma voie. J’ai l’impression d’avoir servi à quelque chose. A 59 ans, trente-quatre ans après le début de ma carrière, j’aime toujours autant mon métier. Je suis officiellement à la retraite depuis ce lundi, et aujourd’hui, c’est terrible. Je pense à tous mes collègues qui font leur rentrée. C’est tellement douloureux d’avoir quitté mes élèves, au lycée Balzac de Tours, que j’ai eu besoin de passer cette rentrée loin. Je n’ai pas eu de découragement au cours de ma carrière, même si les choses ont beaucoup évolué en trois décennies. Désormais, les élèves remettent tout en question, et certains sont blasés. Ils ont tout alors ils ne s’intéressent plus à rien. Je parle là d’une minorité. Ces élèves-là, on sent qu’on les ennuie.
«En parallèle, on ressent les effets de Mai 68 du côté des parents, qui font la loi. Les proviseurs ont peur de leurs réactions. Au lieu de sanctionner les enfants chéris, on passe par des tas de commissions d’intervention, pour tempérer avant de passer à la sanction.
«L’administration ne veut pas de vagues, à tous les échelons - ministère, inspecteurs d’académie, proviseurs. Un de mes collègues a mal vécu ce silence. Il y a cinq ans, il a été accusé de harcèlement sexuel par une élève. Elle lui avait mal répondu donc il l’avait gardée à la fin du cours. Le pr