«Voilà, voilà.» Pour acquiescer ou pour conclure, il dit souvent de sa voix grave et traînante : «Voilà, voilà.» Quand il est assis, le petit corps sec de Jean-Michel Lambert s'affaisse sur sa droite. Affable-souriant-charmant, tous ses collègues du Mans le disent. Le «petit juge» est à la retraite. Tout à l'heure, il ira chercher des petits fours chez le traiteur, déplacer les tables de la cafét du tribunal, où il a fini vice-président. Ce soir, «c'est le grand jour», dit-il, c'est son pot de départ.
Il y a trente ans presque tout rond, Jean-Michel Lambert héritait de l'instruction de l'affaire Grégory. Avec un certain sens du timing, il sort cette semaine un livre - De combien d'injustices suis-je coupable ? - qui n'évoque qu'à la marge le drame de la Vologne. Mais déjà, ses déclarations sur l'innocence de Bernard Laroche, à laquelle il croit dur comme fer, et ses silences sur Christine Villemin - depuis longtemps blanchie - relancent la machine à spéculations. Dans son livre, l'ex-juge Lambert dénonce les errements de la justice. Lui qui a enfermé Bernard Laroche pour le relâcher trois mois plus tard (quelques semaines encore et le beau-frère sera tué par le père de Grégory) demande : «Est-il normal qu'aujourd'hui quelques centaines de personnes soient détenues en moyenne trois cents jours avant d'être innocentées ?» Lui qui a inculpé et incarcéré à tort Christine Villemin pour l'assassinat de son fils ose : «Est-il normal q