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Interview

«Le boycott est l’arme du faible contre le fort»

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Alors que certaines associations prônent le boycott des produits israéliens, l'universitaire Olivier Esteves revient sur l'histoire de cette pratique, dont l'efficacité reste incertaine.
Une manifestante avec un t-shirt de la campagne BDS le 20 août 2014 à Paris (Photo Vincent Nguyen (Riva Press) pour Libération)
publié le 1er septembre 2014 à 7h15

Pour protester contre la politique israélienne, plusieurs dizaines d'associations appellent à boycotter l'Etat hébreu – et notamment ses entreprises. Maître de conférences à l'Université Lille 3 et auteur d'une Histoire populaire du boycott (L'Harmattan, 2006), Olivier Esteves revient sur l'histoire de cette pratique, dont l'efficacité reste incertaine.

Quelle est l’origine des mouvements de boycott ?

En 1880, en Irlande, un certain Charles Cunningham Boycott était l’intendant d’un grand propriétaire terrien. Il se distinguait par ses pratiques scandaleuses vis-à-vis des paysans. Ceux-ci ont donc décidé de l’ostraciser totalement. Son courrier n’était plus livré, ses terres laissées à l’abandon… Le mouvement était en partie spontané, et en partie orchestré par les nationalistes irlandais. Avec succès, puisque Charles Boycott a fini par vider les lieux. Il s’agissait ici d’un boycott social, consistant à interrompre toute interaction avec un individu donné.

D’autres mouvements ont porté sur des biens ou des services. A la fin du XIXe siècle, aux Etats-Unis, les cheminots ont par exemple refusé de travailler pour les wagons Pullman. Dans les années 1920, surtout, Gandhi appela les Indiens à boycotter les honneurs de l’Empire Britannique ainsi que les produits textiles de Grande-Bretagne. C’est l’une des premières fois où un boycott prit un caractère natio