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«La prostitution est une drogue, puis une mort lente»

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Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
Rosen Hicher, ex-prostituée, entame une marche de 700 km pour sensibiliser à la future loi, plus répressive. Mimi, qui n’a pas décroché, se sent loin du débat.
Rosen Hicher (à gauche), 58 ans, ne se prostitue plus. Mimi (à droite), 38 ans, se prostitue en cachette de son mari pour s'acheter de l'alcool. (Photos Théophile Trossat. Haytham Pictures)
publié le 2 septembre 2014 à 19h16
(mis à jour le 2 septembre 2014 à 19h16)

Son bâton de pèlerin a été mâchouillé par son chien, et elle n'a plus le physique de la marathonienne de ses vieilles photos. Mais Rosen Hicher, 58 ans, s'est décidée : ce 3 septembre, elle prendra la route. Elle marchera 743 kilomètres, de Saintes (en Charente- Maritime) jusqu'à Paris, faisant halte dans toutes les villes où elle s'est prostituée (voir carte).

Avec son histoire, sa clope électronique et une pétition en poche, elle veut mobiliser les maires et les députés sur la nouvelle loi prostitutionnelle (lire ci-contre), toujours en discussion au Sénat. «Il faut que ça avance», dit-elle, sans que l'on sache vraiment si elle parle de ses futurs kilomètres ou de la loi. Elle traversera son passé pour arriver rue du Colisée à Paris, dans son premier bar à champagne. C'était en 1988. Elle n'avait plus un sou en poche quand elle a trouvé une petite annonce dans France Soir : «Bar cherche hôtesse.» Sa première passe, elle s'en souviendra toute sa vie : «Michel. 52 ans. Inspecteur des impôts.» Il voulait tout. Et avec plusieurs. En redescendant de la chambre, sa maquerelle lui a dit : «On dirait que t'as fait ça toute ta vie.» Elle en a ressenti une grande fierté.

A ses débuts au Diam's, on payait encore «en francs et avec des machines de cartes bancaires à sabot». C'était un autre temps, une autre vie.